Hakuna Matata Mood: so sick... Carnet d'adresses: Jukebox: Kings of leon - Closer *o*
Sujet: Une vision du passé | Ethan | Lun 14 Fév - 8:00
❝ Picture perfect memories, scattered all around the floor. ❞
Cette journée aurait pu être comme toutes les autres. Réveil aux aurores, petit déjeuner avalé à une vitesse fulgurante, puis course contre la montre jusqu'au camp Larez. Huit heures tapant, j'y accueillerais mes premiers élèves, et c'était partie pour une ronde, une boucle sans fin.J'répétais cette routine somme toute banale tous les matins depuis mon arrivée ici et allez donc savoir pourquoi, je m'y plaisais. En même temps, ce n'était pas vraiment surprenant. Je n'ai jamais été le genre de jeune femme à me plaire dans la nouveauté. Je m'accrochais beaucoup à ce qui était acquis et je profitais au maximum du calme, et de l'assurance que me procurait un quotidien routinier. En effet, j'adorais que ma vie soit bien organisée, un peu comme compartimentée. C'était un peu de cette façon que je m'y retrouvais, que je ne perdais pas le pied. Car dieu seul sait combien il m'arrivait d'être lunatique. Mais aujourd'hui, j'avais pressenti que ce jour ne serait pas comme les autres. D'abord parce que mon réveil matin n'était même pas parvenu à m'arracher sauvagement de mes draps de soie, me donnant un retard considérable sur mon " planning " de la journée. Et puis cette envie de frapper tous les gens que je croisais, sans aucune raison particulière. J'avais même failli jeter tout mon dévolu sur un pauvre citadin qui m'avait effleuré l'épaule lorsque je me rendais au camp. Ce n'était pas vraiment normal, et même si je ne croyais pas en Dieu, je ne pouvais m'empêcher d'être parano. J'avais l'impression, une impression idiotte, certes, qu'on s'amusait à jouer avec les fils de mon destin. Et ça m'agaçait, ça m'agaçait péniblement. Moi qui avait toujours contrôle sur tout dans ma vie, je me retrouvais toute chamboulée par de simples évènements anodins. Ces mêmes évènements qui ne filaient aucune inquiétude à monsieur ou madame tout le monde, à tous les gens de ce monde, sauf évidemment ma petite personne.Il m'arrivait parfois de m'en vouloir à ce sujet, à ce côté parano qui reprenait toujours le dessus quand tout ne fonctionnait pas comme je le voulais. Mais que pouvais-je y faire? C'était comme ça, on n'avait jamais contrôle sur tout, j'étais seulement trop sotte pour l'accepter.
Après mon cours, j'ai décidé qu'il serait bien de passer dans un petit café pour me détendre de cette journée qui m'était apparue comme cauchemardesque alors qu'elle n'en était rien. J'en avais vécu de bien pire, vous savez. Être malade était un illustre exemple de ce dont était fait mon quotidien autrefois. Ne plus être capable de se lever pour aller accomplir de simples tâches m'apparaissait comme la fin du monde. Et cette douleur, cuisante, à la poitrine qui me donnait envie de vomir toutes mes tripes à chaque fois que j'effectuais un faux mouvement. Cette maladie, comme toutes les maladies d'ailleurs, m'avait bien pourri la vie, m'arrachant tout ce à quoi je tenais comme la prunelle de mes yeux. Amis, amour, famille... J'avais dû faire des sacrifices pour tenir encore debout, tellement de sacrifices.. J'avais un coeur malade et pour couronner le tout, je m'étais retrouvée avec un coeur qui pleurait le désespoir. Seule dans ce pays qui m'était étranger, je m'étais promise, intérieurement, de tourner la page, et de tout faire pour que le Guatemala soit pour moi une expérience agréable. Malheureusement, quand tout n'était pas parfaitement coordonné, j'avais peine à garder mon calme. Je voulais vraiment que ma vie soit parfaite en tout point. Je voulais qu'elle soit comme dans les films. Parce qu'une simple petite pièce de métal, aussi banale fut-elle, me maintenait désormais en vie. Je n'avais pas envie de sensations fortes, pas envie de sentir mon coeur s'emballer. Je ne voulais simplement vivre, comme n'importe quelle jeune femme de mon âge, sans avoir à me soucier si crèverais le lendemain.Et puis je le vis, un peu comme une hallucination qui me fut projetée en pleine figure. Je n'y croyais pas. Je ne voulais pas y croire. Il était là, lui qui toutes ses années, était devenu un fantôme dans mes souvenirs, vagues et confus. Il marchait de l'autre côté de la rue, mains dans les poches, son éternel air neutre au visage. Il n'avait pas changé, pas changé du tout. Toujours aussi grand, toujours aussi beau, toujours aussi séduisant. Il avait seulement quelques années en plus, quatre pour être plus précise. Il avait toujours ce visage incarnant la perfection elle-même et son t-shirt, bien qu'ample, laissait deviner les parfaites découpes de son corps d'athlète. Un flot de moments épiques me revinrent à l'esprit et instinctivement, je courus me cacher pour passer inaperçue. Peut-être était-ce le temps pour moi d'aller prendre ce fichu café. J'avais l'impression d'avoir heurter un mur de brique, ou de ne pas être tout à fait réveiller. Selon moi, il était impossible qu'il puisse se trouver dans le même pays que ma petite personne. À moins que le hasard, parfois franchement pénible, aie décidé de se mêler de nos destins.
Il traversait la rue, vers ma direction, vers ce petit banc de parc où j'étais installée pour " soit-disant " me cacher de lui afin de l'observer. Il ne m'avait pas encore vu, du moins je croyais que c'était le cas. Paniquée, je recherchai avidement une tanière où me réfugier mais je figeais, tout en ne cessant de poser mes yeux sur lui, comme si j'étais complètement hypnotisée. Et puis je me mis à prier, très fort, qu'il ne me reconnaisse pas, qu'il passe son chemin. Je souhaitais être invisible, me cacher sous le banc, pour ne plus jamais le revoir. Mon coeur saignait, il saignait abondamment. J'avais envie de lui hurler de dégager de ma vie, que je ne voulais plus jamais le revoir, mais je n'eus pas la force. Et puis, il releva la tête, et j'apparus dans son champ de vision. Deux secondes plus tard, j'étais debout et je marchai d'un pas rapide, espérant de tout coeur pouvoir le semer. Tout le long de cette fuite improvisée, je sentais qu'il me suivait, qu'il allait me rattraper. Mon coeur battait la chamade et j'avais peur de me retourner. Et pile au moment où je croyais être enfin libre, il me saisit le bras, m'entrainant dans une petite ruelle. Je hurlai d'un cri strident, prise au piège et apeurée. J'allais devoir affronter le seul homme que j'ai aimé dans la vie, et pour être honnête, j'étais totalement tétanisée. Tant de choses qui sont restées secrètes, qui n'ont pas été avouées.. Tant d'années sans jamais avoir de nouvelles. J'étais bien jusqu'à aujourd'hui, vraiment bien, mais il venait tout foutre en l'air. Mon monde venait de s'écrouler sous ses yeux.« Ethan... » avais-je soufflé en pleurant toutes les larmes de mon corps. Je n'avais plus de solutions de rechange. Le regard posé sur l'asphalte de la ruelle qui était témoin de ce moment, je ne relevai point la tête, abasourdie par cette rencontre inusité qui allait sans doute changer ma vie, encore une fois... J'étais damnée, c'était tout à fait indéniable.