Je garai la voiture dans l'allée et retirai les clés du contact. Je restai assise un instant et pris une grande respiration. Je passai ma main dans mes cheveux avant de m'étirer pour attraper mon sac sur la banquette arrière. Il y avait près d'une semaine depuis le décès de mon fiancé. J'étais totalement anéantie par le décès de celui-ci. Complétement chamboulée. Les funérailles avaient eu lieu il y a deux jours et je m'y étais rendue avec peine et misère. Cette nouvelle m'avait frappée de plein fouet, j'avais encore de la difficulté à accepter cette nouvelle. Mes patrons m'avaient imposé un congé alors que tout ce dont j'avais besoin, c'était de me changer les idées. De m'occuper l'esprit. Un seul endroit pourrait m'apporter réconfort et travail. J'avais besoin de ma petite soeur et le travail au camp m'occuperait. Je serrai la ganse de mon sac et sortis à l'extérieur de la voiture. J'avais décidé de ne pas aller directement au camp, plutôt en direction de mon endroit préféré, le Lagon. Je pris mon cellulaire et appelai au camp. Je demandai à parler à Esmée et on me la passa quelques instants plus tard. « Salut beauté ! Je suis au Lagon. Je devrais venir au camp dans une heure environ, à moins que tu viennes ici, toi. » J'avais tenté de paraître non-nonchalante, mais je savais pertinemment que la tristesse transperçait dans ma voix. Esmée avait été la première personne que j'avais appelée lorsque j'avais été en état de le faire. Elle était celle sur laquelle je pouvais le plus compter. Je fermais mon téléphone et partis en direction de la crique secrète. Celle qu'Esmée et moi avions trouvé plus jeune, c'était notre petit repaire depuis. Je baissai la tête pour ne pas me cogner et m'enfonçai un peu plus loin, puis je m'asseyais dans le sable. Je collai mes genoux contre ma poitrine et laissai les larmes couler. J'écoutai la mer, espérant trouver une source de réconfort. Le Lagon, plus précisément cette crique, avait toujours été un de mes endroits préférés, je me retrouvai toujours ici dans les moments difficiles. Damian me manquait affreusement et savoir qu'il ne reviendrait pas, c'était ça le pire. Savoir que je ne me réveillerai plus à ces côtés, que je pourrai jamais descendre l'allée en robe blanche pour aller le rejoindre et que je pourrai plus jamais embrasser ses lèvres. Il me prendrait du temps pour passer à autre chose, mais pour l'instant, j'avais surtout besoin de me ressourcer. Et, j'espérai sincèrement que le camp me ferait du bien. J'entendis du bruit derrière moi et séchai rapidement mes larmes. « Esmée ? C'est toi ? »

❝ I’ll always be near you ❞

Il faisait encore nuit noire lorsque je me réveillai. Je n’avais pas été capable de dormir de la nuit, ou du moins j’en avais l’impression car je pouvais compter les heures passer l’une après l’autre. Cela faisait environ une semaine que j’avais de l’insomnie et pour cause! Ma pauvre sœur avait perdu son fiancé dans un grave accident de voiture. Je savais combien elle l’aimait, comment elle ne pouvait pas vivre sans lui. Nous nous étions vu le jour de sa mort et depuis on aurait dit que tout c’était passé beaucoup trop rapidement. Il y eu l’enterrement, les pleurs de notre tristesse mêlée ensemble. Puis, nous nous étions quittés pour reprendre nos vies respectives. Je lui avais déjà demandé de revenir à la maison pour un moment, mais elle l’avait refusé. J’avais peur pour elle, peur qu’elle fasse une grave bêtise et cela faisait maintenant deux jours que je n’avais pas croisés. Je sentis Maddox bouger à mes côtés et il gémit doucement. Je me retournai vers lui et déposai un bref baisé sur ses lèvres. « Rendors-toi Sky, je vais aller déjeuner et m’occuper un peu. » Il grogna, comme pour protester, mais j’étais déjà sortie de la chambre, dodelinant jusqu’à la salle de bain. Je pris une longue douche brûlante d’au moins trente minutes, jusqu’à ce que l’eau devienne glaciale en fait. Le soleil commençait à se lever quand je sortis de la douche pour m’entourer d’une serviette. Je décidai de me faire un toast au beurre d’arachide et je me glissai par la suite dans la chambre pour prendre des vêtements. Je décidai de courir pour me laisser aller les pensées, et peut-être que je me fatiguerais assez pour pouvoir dormir cette nuit. Mes pas pesaient lourdement sur la terre, le vent me gifflait le visage mais je n’en avais rien à faire. Je m’arrêtai brusquement quand j’entendis mon cellulaire bipé dans la poche de mon mini short. J’étais l’une des seule ou presque à avoir un portable au camp, normal je devais être rejoignable en tout temps. Surtout quand j’allais en ville, ou lorsque je surveillais un groupe de travail. C’était Mari, je soupirai quand je lu le message. Il se trouvait que j’étais seulement à dix minutes de course du lagon alors je ne lui répondis pas tout de suite, décidant de la rejoindre tout simplement. Et il fallait avouer que j’avais sué pas mal alors une petite baignade me rafraîchirait grandement. Je parcourrai les mètres qui me séparaient du lagon paradisiaque et j’entendis sa voix tout juste quand je franchis les arbrisseaux. « Esmée ? C'est toi ? » Je m’approchai d’elle, un mince sourire sur les lèvres et me mis à genoux pour être à sa hauteur. Je devais faire peur, des cernes de plusieurs jours d’ancré sous mes yeux et les cheveux collés sur mon front. Je soupirai et fis la grimace. « Ça va bien Mari? » J’enlevai direct ma camisole et mes shorts pour me retrouvé en maillot de bain. « Si tu me le permets, je te rejoins dans trente secondes! » Sans plus attendre je sautai dans l’eau et ressortit en poussant un long gémissement soulagé. Je m’approchai du bord et m’y accoudai. « Ouf! Désolée, j’en pouvais plus! »

« Esmée ? C'est toi ? » Je séchai rapidement mes larmes du revers de la main, je détestai qu'on me voit pleurer. Je me retournai vers la source de bruit et aperçus une tête blonde que je reconnaîtrai n'importe où. Je souris et replaçai une mèche de cheveux derrière mon oreille. Elle semblait avoir couru pour venir ici. Toujours en forme, cette sœurette. « Ça va bien Mari ? » Je hochai la tête doucement, je ne pouvais pas vraiment dire que j'allai mieux, mais j'étais dans un meilleur état qu'auparavant. Je la regardai se dévêtir de ses vêtements et haussai les sourcils. « Si tu me le permets, je te rejoins dans trente secondes! » Je souris, elle serait toujours aussi drôle, celle-là. Je la regardai sauté dans l'eau pour faire tremper et retirai mes souliers pour enfoncer mes pieds dans le sable. « Bien sûr, bien sûr ! » Elle ressortit de l'eau quelques secondes plus tard et s'accouda près de moi. Je la regardai un instant, réalisant à quel point je m'ennuyai d'elle. Nous étions inséparables auparavant, toujours scotchés ensemble, mais les choses n'étaient plus ainsi. Bien sûr, nous nous entendions toujours aussi bien, mais le fait que nous nous voyions moins souvent était désolant. Je l'appelai souvent pour lui donner de mes nouvelles et prendre des siennes et de notre père. « Ouf! Désolée, j’en pouvais plus! » Je gloussai. C'était toujours bon une petite trempette en matinée. Je me mordis la lèvre inférieure et souris. « J'ai décidé de revenir au camp pour un moment... En fait, on me l'a un peu imposé, mais je suis sûre que ça me fera du bien. » En effet, j'avais besoin de m'éloigner de mon appartement de Guatemala City, je ne supportai plus de me retrouver là-bas. Bien sûr, j'aurai pu me plonger dans mon travail pour oublier tout ça, mais les administrateurs de l'hôpital avaient décidé que je n'étais pas apte à travailler suite à la perte de mon fiancé. Et je pouvais difficilement contredire leur décision, je manquai de fondre en larmes à chaque minute de ma journée. Alors, je pourrai me lancer corps et âme dans mon autre vocation : l'aide humanitaire. Et ainsi, je pourrai travailler sur moi-même. « Et toi, comment ça va ? » J'avais eu l'impression d'être plutôt égoïste ces derniers temps, de ne pas m'occuper d'elle. J'avais l'impression de prendre toute l'attention et je n'aimais pas cela. Elle s'occupait du camp et elle devait en voir des vertes et des pas mûres elle aussi. Je n'aimais pas que tout tourne autour de moi et c'était bien une autre des raisons qui m'avaient fait venir au camp, ici à part mon père et Esmée, personne n'était au courant de la mort de Damian. En ville, toutes mes amies et collègues me couraient après pour m'offrir leur soutien. Et le seul dont j'avias besoin, c'était celui de ma sœurette. « Quoi de neuf au camp Larez ? » Je souris. Je savais que je faisais tout pour éviter le sujet, je ne savais pas comment traiter avec cela et je ne voulais pas causer de malaise avec Esmée. C'était bien la dernière chose que je voulais faire.